Contrairement aux idées reçues, l’assurance n’est pas une invention récente. La naissance de ce concept remonte à l’époque de la Rome Antique ! Rien d’étonnant quand on sait que cette civilisation prestigieuse était bien en avance sur son temps.
Nous pouvons même affirmer avec certitude aujourd’hui qu’il existait à Rome plusieurs systèmes d’assurance.
Dans cet article, le spécialiste et passionné de civilisation romaine, Thibault Gond (également assureur de son métier), nous en présente quelques-uns.
Le système d’assurance maritime
Tout porte à croire que l’assurance est un concept né du transport ! A l’époque, cette activité était d’une incroyable sensibilité puisqu’elle consistait à transporter des marchandises de très grande valeur, par voie terrestre ou maritime.
Étant le plus risqué compte tenu des conditions climatiques et sécuritaires (tempêtes, détournement, pirates, etc.), que nous connaissons tous, le transport maritime fut le premier à déclencher ce besoin d’être assuré et de récupérer ses pertes en cas de besoin. C’est ainsi que nous avons assisté à la naissance de 3 codes d’assurances distincts :
- Code d’Hammourabi : ce n’est pas vraiment une assurance. Mais ce code évoquait déjà la possibilité d’être compensé en cas de pertes liées au transport.
- Plaidoyer de Démosthène contre Lacritos (vers 340 avant Jésus-Christ) : ce prêt dont l’existence remonte selon les historiens à plus d’un millénaire au Proche-Orient, permet aux commerçants transportant leurs marchandises par voie maritime d’avoir une garantie contre le risque de naufrage. Ce prêt se caractérise par son taux d’intérêt très élevé, compris entre 20% et 100%.
- Code maritime de Rhodes : il s’agit d’une véritable approche avant-gardiste de l’assurance à l’époque. Il faut croire en effet que les habitants de Rhodes furent les premiers à appliquer les principes de la mutualisation. Leur code maritime, consistait tout simplement à faire rembourser les pertes des marchands dont la marchandise fut détruite ou noyée par les autres marchands dont les biens sont bien arrivés à destination.
Système de retraite des légionnaires
Les légionnaires romains justifiant de plus de 15 ans de services furent l’une des premières catégories à bénéficier d’un régime de retraite proprement dit. Celui-ci visait avant tout à leur assurer une insertion plus facile dans une société. En effet ils en étaient déconnectés depuis plusieurs années en raison des multiples conflits armés auxquels ils étaient appelés à participer.
Ce régime se déclinait en plusieurs options :
- La distribution de terres : le pouvoir romain à l’époque distribuait des terres aux vétérans de l’armée. Une solution qui n’a pas beaucoup duré en raison du conflit social qu’elle a suscité. En effet, les classes supérieures n’ont cessé d’exprimer leur mécontentement de peur que leurs terres soient aussi distribuées.
- La distribution d’une prime de congé : selon leur grade les vétérans militaires romains se voyaient distribuer une prime d’un montant compris entre 12 000 et 20 000 sesterces.
Au vu de l’importance des effectifs militaires romains, la distribution de la prime de congé a fini par créer un réel problème de financement. Pour cette raison, l’empereur de l’époque a créé une caisse spéciale, qu’il alimentait de ses propres finances à hauteur de 170 millions de sesterces et des impôts sur l’héritage.