Hannibal de Carthage, ou le triomphe de la volonté.

thibault gond 66Hannibal de Carthage, ou le triomphe de la volonté.

Il y a 2 263 ans naissait Hannibal Barca, ennemi juré de la jeune puissance romaine, élevé et entrainé dans la haine farouche de son principal rival en méditerranée, le destin de ce grand général résonne encore dans l’histoire comme un tambour de guerre sourd et lointain.

Au IIIe siècle avant notre ère, deux super-puissances se disputaient le contrôle de la méditerranée, l’une sur le déclin: la glorieuse cité-Etat de Carthage fondée par les phéniciens au IXe siècle avant J-C, localisée sur les côtes de l’actuelle Tunisie et dominant depuis des siècles la partie occidentale de la méditerranée et l’autre en pleine ascension : Rome qui après des débuts difficiles avait desormais les capacités militaires et économiques d’étendre sa zone d’influence et de s’imposer comme puissance dominante à ses voisins immédiats.
La rivalité entre ces deux cités n’a cessé de s’accentuer et de s’aggraver à mesure que la jeune république romaine affirmait sa volonté de puissance forte de ses succès militaires.

A la naissance d’Hannibal en 247 avant JC, Rome et Carthage luttaient depuis une vingtaine d’années dans ce que les historiens appellent la « 1ère guerre punique » qui s’est soldée par une écrasante victoire navale romaine privant Carthage de sa puissance maritime .
Le jeune Hannibal a donc été élevé dans un contexte de guerre par son père Hamilcar ancien général en chef des armées cathaginnoises et grand perdant du conflit récent avec Rome.

Humilié, désabusé, il est facile d’imaginer que le père d’Hannibal ai reporté sur lui ses frustrations et ses rêves de gloire perdue d’autant plus que la « Pax Romana » s’appliquait de manière sévère sur le peuple carthaginois, embargos commerciaux, incursions, pillages, tributs exhorbitants, Rome ne ménageait pas la cité vaincue.

Hamilcar alla même jusqu’à faire prêter serment à son fils devant les dieux de ne jamais trouver le repos tant que Rome ne serait pas anéantie.
« Vae Victis » comme l’aurait dit Brennus, cependant la colère du peuple punique allait bientôt trouver une figure de proue en la personne d’Hannibal qui arrivé à l’âge adulte entreprit d’honorer son serment et de détruire la puissance romaine.

Plébiscité par le peuple il jura de mener ses armées au cœur de l’Italie pour effacer la honte et l’humiliation de la défaite, d’ailleurs « Hannibal » se traduit littéralement par : « Qui à les faveurs de Baal » en phénicien.

Durant deux ans, il mena les préparatifs de ce qui allait être l’une des plus formidables aventures militaires de notre histoire.
Il consolida ses possessions en Espagne, fédéra les tribus numides , organisa l’entretien et le ravitaillement de la plus grande armée que Carthage eu à lever.

Général comme son père, il devait cependant compter avec l’approbation du Sénat punique tout en n’éveillant à aucun prix la suspicion des espions romains.
La flotte Carthaginoise ayant été démantelée lors du dernier conflit avec Rome qui s’assurait désormais la maîtrise de la mer, la seule voie qui allait lui ouvrir les portes des territoires italiens serait la terre, en 218 avant JC, Hannibal alors âgé de 29 ans  quitte Carthagène et passe en Gaule par les Pyrénées avec 70 000 hommes et 37 éléphants.

Il est aisé pour nous aujourd’hui de traverser les pays, de parcourir le monde, de voyager dans le confort d’un habitacle climatisé mais on a peine à imaginer les épreuves terribles que devaient endurer les peuples de l’antiquité dans leurs déplacements : brigandages, attaques, maladies, insalubrité, intempéries, une armée antique devait se doter de chefs possédants une exceptionnelle volonté et une trempe de fer pour guider des dizaines de milliers de soudards vers l’inconnu.
Même si c’est la nécessité qui guide les hommes, une campagne militaire était sans doute l’aventure de toute une vie.

A la tête de son armée gigantesque, après avoir parcouru tout le sud de la Gaule tour à tour en bataillant et en négociant, Hannibal parvient aux pieds des Alpes en 216 avant JC.
Jusqu’au bout, le pouvoir romain s’est montré sûr de lui quant aux desseins d’Hannibal, en effet il était inconcevable pour une armée si nombreuse avec tout ce que cela comporte de logistique et d’équipement d’oser penser franchir les gigantesques massifs alpins et même au sein de son Etat-major, le défaitisme et le pessimisme commençaient à se faire sentir en arrivant devant cette immense barrière naturelle réputée infranchissable : deux cent kilomètres de neige, de rocs et de glaces.

C’est alors que devant les injonctions de ses lieutenants apeurés qui encourageaient Hannibal à rebrousser chemin, à ne pas tenter une traversée suicidaire de ces montagnes hostiles il leur aurait adressé cette phrase restée gravée de manière éternelle dans l’histoire : « Si nous ne trouvons pas le chemin, nous en créerons un !  »
La traversée fut un carnage, d’autant plus que les soldats qui composaient son armée étaient pour la plupart accoutumés au climat doux de la méditerranée et mal préparés à affronter les rigueurs de l’hiver alpin .

Hannibal perdit 20 000 hommes et la plupart de ses éléphants mais la détermination extraordinaire de ce chef de guerre poussa son armée à franchir les pics enneigés et à déferler sur l’Italie qu’il ravagea pendant quinze ans, Hannibal prouve ainsi au sénat romain ahuri, au monde antique mais également à nous qu’incontestablement la volonté triomphe de tout .